Petites notes en relisant (5)

On the road again !

Par les voies romaines ou les routes royales, impériales, les drayes de transhumance, les chemins charretiers ou creux, on a marché très longtemps dans l'histoire, et ce n'est qu'après-guerre que les lignes d'autocars purent drainer des clients jusqu'au moindre bourg ; mais cela avait quand même un prix.

Quand dans l'entre-deux-guerres, mon arrière-grand-père maternel² montait des Cévennes pour voir sa fille à Paris, qui avait épousé le fils d'un cabaretier, il faisait son sac, y serrait son bâton de montagne et passait le col de la Triballe puis l'Asclier, laissait l'Aigoual à sa gauche, montait vers la Corniche (N106) pour rejoindre Florac en laissant le Lozère à sa droite, passait le causse de Mende vers Saint-Flour, puis Clermont, Moulins (N7), Nevers, Montargis, Fontainebleau. Il comptait, à pied et sans beaucoup de numéraire, une lunaison sauf imprévus. La distance à vol d'oiseau est de 550 kilomètres jusqu'à la Porte d'Italie et plus ou moins 700 par les chemins de jadis.

Ce voyage (aller-retour) était organisé tous les trois ans environ selon les travaux d'été exigés par la propriété. Comme les pèlerins de Compostelle aujourd'hui, les voyageurs pédestres cheminaient en sûreté en formant des groupes selon affinités et l'allure de marche. Sans doute savaient-ils profiter de temps en temps de quelque carriole charitable, mais l'essentiel se faisait pedibus cum jambis. A l'étape, la paille d'une étable offrait le luxe mérité et ils payaient la ventrèche de la soupe. Il est mort de vieillesse le 26 juin 1941, après avoir sonné de la conque sur sa terrasse pour qu'on vienne le prendre au capmas dans la montagne et le conduise au tombeau. Il avait 75 ans.

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